Themengruppe
Schwarz
Marion
Kalter
Schwarz
Marion
Kalter
Johannes
Schwarzweiß-Foto
30x30cm
2000
Photocollection Marion Kalter30x30cm
2000
Photocollection Marion Kalter
Text zur werkgruppe Women Frauen Femmes(übersetzung folgt)
En 1976, j’ai 25 ans.
Je commençais tout juste à m’intéresser à la photographie. J’avais étudié l’histoire de l’art et la peinture. Devenue photographe, je n’ai pas ressenti la difficulté d’être une femme. Pour deux raisons : d’une part, je suis arrivée au moment où le féminisme était dans son effervescence en mai 68, et d’autre part ayant perdu ma mère et ma grand mère très jeune, enfant unique très vite livrée à elle-même, je me suis retrouvée dans une liberté affolée.
Ce sont donc des facteurs historique (rébellion des femmes dans les années 60-70) et personnel (mort de ma mère) qui m’ont propulsé dans une totale indépendance : choix de faire des études, ne pas me marier, ne pas avoir d’enfants et d’avoir une vie « sans contraintes ».
Les hasards de la vie m’ont posée dans le Berry, petite fille, dans les années 50, là où rôdait le fantôme de George(Sand). J’y ai traversé toutes les étapes de l’éducation : école maternelle pour « filles », lycée de « jeunes filles » (avec internat). Pour finir j’ai atterri dans la première université américaine pour femmes, là où la poétesse Emily Dickinson s’était réfugiée. On envoyait ces jeunes femmes à l’époque dans des universités exclusivement féminines pour être sûres qu’elles puissent avoir toutes les chances d’accéder à des postes importants sans en être freinées par les hommes.
Ayant eu une mère si belle-idéalisée, bien sûr, car morte- il était très important pour moi de rencontrer des femmes créatives fortes et qui en même temps ne perdaient en rien leur charme, leur féminité, leur pouvoir de séduction. Un alliage si rare et si fragile !
C’est ce qui m’a poussée, après des études d’histoire de l’art et de peinture à essayer de comprendre le statut des femmes dans l’art : fallait-il qu’elles soient célibataires pour créer, qu’elles soient soutenues par un mari après avoir été soutenues par un père ? fallait-il qu’elles n’aient pas d’enfant pour poursuivre une carrière artistique ?
J’ai essayé de trouver une réponse à toutes ces questions en écrivant un mémoire de maîtrise sur ce sujet, « les femmes et la créativité ». Je suis allée interviewer Gisèle Freund, Meret Oppenheim, Vieira da Silva, Chantal Akerman, Ruth Francken et d’autres encore. Tout en menant les entretiens, je demandais à mes interlocutrices une séance de portraits.
J’ai donc photographié beaucoup de femmes tout à fait exceptionnelles et qui me semblaient s’accomplir et s’épanouir en laissant une trace qui ne soit pas uniquement celle d’avoir des enfants.
La première femme que j’ai photographiée a été l’écrivain Anaïs Nin, symbole de liberté d’écriture et de liberté sexuelle. Puis ce fut la grande demoiselle, Nadia Boulanger, pendant qu’elle donnait un cours de composition rue Ballu. À New York, je croisais la sociologue Margaret Mead lors d’une conférence, puis Sonia Delaunay dans son atelier, Susan Sontag en visite à Paris ou Martha Graham à l’Opéra de Paris.
Tandis que je continuais mon métier de photographe, les femmes ont été un fil rouge tout au long de ma vie. J’avais l’impression d’avoir élaboré un cadavre exquis personnel de toutes ces femmes dont j’intégrais le destin et qui allaient me donner la force d’engager moi-même une carrière.
Aujourd’hui, en 2009, environ 30 ans plus tard, la question du féminisme ne se pose plus du tout de la même façon. Les luttes des femmes ont commencé à porter leurs fruits. Le féminisme en soi n’est plus vraiment contesté car beaucoup de revendications ont été intégrées et beaucoup de droits acquis.
Les questions posées aujourd’hui portent beaucoup plus sur des problèmes de société, problèmes raciaux, problèmes de pauvreté, problèmes d’écologie. Il ne s’agit plus d’isoler les femmes dans des critères spécifiques mais de situer l’être humain sur notre planète surpeuplée à l’époque de l’explosion des technologies de la communication: seul(e) s devant nos ordinateurs, séparé (e) s non par nos différences sexuelles mais par nos statuts sociaux.
Donner une place exclusive aux femmes pour les « exposer » a pour moi plutôt un caractère historique et en voici un témoignage personnel.
Text zur werkgruppe Women Frauen Femmes(übersetzung folgt)
En 1976, j’ai 25 ans.
Je commençais tout juste à m’intéresser à la photographie. J’avais étudié l’histoire de l’art et la peinture. Devenue photographe, je n’ai pas ressenti la difficulté d’être une femme. Pour deux raisons : d’une part, je suis arrivée au moment où le féminisme était dans son effervescence en mai 68, et d’autre part ayant perdu ma mère et ma grand mère très jeune, enfant unique très vite livrée à elle-même, je me suis retrouvée dans une liberté affolée.
Ce sont donc des facteurs historique (rébellion des femmes dans les années 60-70) et personnel (mort de ma mère) qui m’ont propulsé dans une totale indépendance : choix de faire des études, ne pas me marier, ne pas avoir d’enfants et d’avoir une vie « sans contraintes ».
Les hasards de la vie m’ont posée dans le Berry, petite fille, dans les années 50, là où rôdait le fantôme de George(Sand). J’y ai traversé toutes les étapes de l’éducation : école maternelle pour « filles », lycée de « jeunes filles » (avec internat). Pour finir j’ai atterri dans la première université américaine pour femmes, là où la poétesse Emily Dickinson s’était réfugiée. On envoyait ces jeunes femmes à l’époque dans des universités exclusivement féminines pour être sûres qu’elles puissent avoir toutes les chances d’accéder à des postes importants sans en être freinées par les hommes.
Ayant eu une mère si belle-idéalisée, bien sûr, car morte- il était très important pour moi de rencontrer des femmes créatives fortes et qui en même temps ne perdaient en rien leur charme, leur féminité, leur pouvoir de séduction. Un alliage si rare et si fragile !
C’est ce qui m’a poussée, après des études d’histoire de l’art et de peinture à essayer de comprendre le statut des femmes dans l’art : fallait-il qu’elles soient célibataires pour créer, qu’elles soient soutenues par un mari après avoir été soutenues par un père ? fallait-il qu’elles n’aient pas d’enfant pour poursuivre une carrière artistique ?
J’ai essayé de trouver une réponse à toutes ces questions en écrivant un mémoire de maîtrise sur ce sujet, « les femmes et la créativité ». Je suis allée interviewer Gisèle Freund, Meret Oppenheim, Vieira da Silva, Chantal Akerman, Ruth Francken et d’autres encore. Tout en menant les entretiens, je demandais à mes interlocutrices une séance de portraits.
J’ai donc photographié beaucoup de femmes tout à fait exceptionnelles et qui me semblaient s’accomplir et s’épanouir en laissant une trace qui ne soit pas uniquement celle d’avoir des enfants.
La première femme que j’ai photographiée a été l’écrivain Anaïs Nin, symbole de liberté d’écriture et de liberté sexuelle. Puis ce fut la grande demoiselle, Nadia Boulanger, pendant qu’elle donnait un cours de composition rue Ballu. À New York, je croisais la sociologue Margaret Mead lors d’une conférence, puis Sonia Delaunay dans son atelier, Susan Sontag en visite à Paris ou Martha Graham à l’Opéra de Paris.
Tandis que je continuais mon métier de photographe, les femmes ont été un fil rouge tout au long de ma vie. J’avais l’impression d’avoir élaboré un cadavre exquis personnel de toutes ces femmes dont j’intégrais le destin et qui allaient me donner la force d’engager moi-même une carrière.
Aujourd’hui, en 2009, environ 30 ans plus tard, la question du féminisme ne se pose plus du tout de la même façon. Les luttes des femmes ont commencé à porter leurs fruits. Le féminisme en soi n’est plus vraiment contesté car beaucoup de revendications ont été intégrées et beaucoup de droits acquis.
Les questions posées aujourd’hui portent beaucoup plus sur des problèmes de société, problèmes raciaux, problèmes de pauvreté, problèmes d’écologie. Il ne s’agit plus d’isoler les femmes dans des critères spécifiques mais de situer l’être humain sur notre planète surpeuplée à l’époque de l’explosion des technologies de la communication: seul(e) s devant nos ordinateurs, séparé (e) s non par nos différences sexuelles mais par nos statuts sociaux.
Donner une place exclusive aux femmes pour les « exposer » a pour moi plutôt un caractère historique et en voici un témoignage personnel.
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